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 Publié le 09/09/2020      Télécharger en PDF

Les rumeurs à la base du déni de Covid-19 : un obstacle à la lutte contre cette pandémie en République Démocratique du Congo

  Joël Ekofo
Assistant de recherche au CCSC-asbl
     
  Mada Ibaji
Plaidoyer et Communication au CCSC-asbl
     

C’est depuis près de dix mois que l’humanité fait face à un problème grave de santé publique, la Covid-19 causée par une nouvelle souche de coronavirus, le SARS-CoVi-2. Les premiers cas ont été enregistrés à Wuhan, en Chine/Asie en décembre 2019.

Le 11/03/2020, l’OMS a déclaré l’épidémie de Covid-19 comme une pandémie. Actuellement, 5 continents et 180 pays sont touchés. Le monde a enregistré à la date du 01/09/2020, 25 749 154 cas confirmés et 857 008 décès.  A la même date, l’Afrique a enregistré 1 022 084 cas confirmés, 22 491 décès et 705 016 guéris depuis le premier cas notifié au mois de février en Egypte. La RDC a enregistré son premier cas le 10 mars 2020 et compte à la date du 01/09/2020, 10 114 cas confirmés, 9 347 guéris et 259 décès répartis dans 9 provinces. Ces statistiques pour la RDC, bien que moins alarmantes par rapport à celles publiées ailleurs, prouvent à suffisance l’existence de la maladie dans le pays, et à Kinshasa en particulier qui en est encore considéré comme l’épicentre au regard du nombre de cas et de décès rapportés. Mais malgré cela, des rumeurs sur l’inexistence de Covid-19 restent bien répandues au sein de la population congolaise en général, et celle habitant la ville de Kinshasa en particulier. Les plus importantes de ces rumeurs qui semblent avoir un impact très négatif sur la perception de la Covid-19 et l’acceptabilité des mesures de lutte par la population sont :

Covid-19 : un business au bénéfice de certaines autorités

Depuis la notification du premier cas de Covid-19 à Kinshasa, la population pense que la Covid-19 est seulement une affaire à caractère mercantile de laquelle les autorités tirent bénéfice au regard d’importantes ressources mobilisées aussi bien par l’Etat que par les organisations de coopération bilatérale et multilatérale pour lutter contre cette maladie. La population semble confortée dans cette croyance, d’abord par les ratées communicationnelles (contradictions) qui ont entouré ce premier cas, ensuite par les soupçons de détournement et de mauvaise gestion des ressources rapportés régulièrement dans les médias et, enfin par les déclarations fortement médiatisées faisant état de la marchandisation des cadavres non Covid-19 en échange de 5000$ pour qu’ils soient comptés parmi les victimes de Covid-19 afin d’en amplifier la gravité.

Covid-19 : Une maladie des riches et des personnes plus âgées

Depuis l’apparition de Covid-19 en RDC, plusieurs cas et décès ont été enregistrés, mais les plus médiatisés étaient ceux des acteurs politiques, académiques ou religieux bien connus, âgés de plus de 50 ans. Une rumeur fortement répandue et médiatisée a même considéré la Présidence de la République comme étant l’épicentre des décès au début de l’épidémie. Partant, la majeure partie de la population a pensé et pense encore que la Covid-19 est une maladie des personnes nanties et âgées et non des jeunes souvent issus des familles moins nanties qui représentent la grande partie de la population congolaise. 

Nécessité d’une communication professionnelle pour le changement de comportement

Nonobstant les efforts engagés par le gouvernement dans la lutte contre la Covid-19 en RDC, une partie importante de la population congolaise se trouve encore dans le déni de l’existence de cette maladie à la suite des rumeurs répandues au sein de cette population. Il en résulte une image erronée de la population vis-à-vis de Covid-19 et partant la non-observance des mesures de lutte, en particulier les gestes barrières (distanciation physique, lavage (ou désinfection) fréquent des mains, port correct des masques…). Il faut donc un travail de longue haleine de communication pour le changement de comportement, tout en veillant particulièrement à une gestion professionnelle des rumeurs par la vraie information à travers des canaux appropriés pour atteindre les couches de population concernées.